Cette rubrique est consacrée à des ouvrages ou travaux scientifiques sur Troie, l'Iliade
et les légendes autour de l'épopée, ainsi qu'à des ouvrages littéraires ayant un lien avec l'Iliade
La relecture de l'Iliade lors de l'élaboration du jeu Pergame m'a amené à relever, chant XX,
un passage
qui évoque l'issue de la guerre, laquelle tient en trois points :
Troie sera prise et brûlée par les Achéens,
Enée survivra au conflit et
la race de Dardanos ne s'éteindra pas.
Homère nous informe de cette issue du conflit de la façon la plus incontastable. C'est tout d'abord de la bouche de Poséidon, ennemi juré des Troyens, que l'on
apprend, alors que s'affrontent Enée et Achille, que "le destin d'Enée est d'échapper, pour empêcher que faute de semence ne disparaisse et
périsse la race de Dardanos". A ces mots, c'est une autre ennemie jurée des Troyens, Héra elle-même, qui répond sans hésiter " O toi qui ébranles la terre...
vois si tu le tireras d'affaire. Car nous avons nous deux, ... Pallas Athéné et moi, ... juré de ne jamais écarter des Troyens le malheur, même quand Troie,
d'un feu brûlant, brûlera toute entière...". Poséidon s'adresse alors à Enée pour lui dire "... Mais, quand Achille aura atteint sa mort et son destin,
enhardi, combats dès lors au premier rang, car aucun autre des Achéens ne te dépouillera."
Le salut d'Enée et des Troyens est dû à une seule chose : le fait qu'ils sont parmi les êtres les plus chers à Zeus. C'est surement sur ce passage que s'est
appuyé Virgile lorsqu'il a rédigé l'Enéide, pour créer un lien entre Troie et Rome.
Mais un mystère demeure toutefois, pourquoi nombre de ceux qui lisent l'Iliade ressentent eux aussi une affection voire une admiration pour les Troyens.
Personnellemment, la réponse, évidente, à cette question, m'a été apportée par Jacqueline de Romilly dans son ouvrage "Hector". Face à la colère bestiale
d'Achille, provoquée par un Agamemnon qui n'est que jalousie et ambition, face donc aux terribles travers qui peuvent affecter les hommes, Hector
se dresse comme un symbole de l'humanité : il aime sa patrie mais aussi sa femme, son fils et tous les Troyens, et surtout il est contre
la guerre et la violence. Il a quelques moments de faiblesse et d'orgeuil, mais jusqu'au bout et jusqu'au dernier moment il reste fidèle à lui-même.
Achille étant le fils d'une déesse, Hectoor est en quelque sorte le véritable héros humain de l'épopée, et donc le seul modèle vers lequel doivent tendre
les hommes.
Ouvrage que doivent absolument posséder tous ceux qui sont passionnés par l’Iliade.
Son auteur, Gérard Fry, y a réuni, dans leur intégralité, plusieurs textes, autres que l’Iliade,
racontant la guerre de Troie.
Outre les récits relatant les origines de la guerre, ses débuts et sa fin, ainsi que les commentaires
les accompagnant, l’auteur évoque aussi nombres d’autres récits perdus.
Force est de constater avec lui que les anciens n’ont cessé de reprendre et réécrire la légende troyenne.
Les fortes variations au niveau du récit et du choix des principaux héros et de leur destin montrent que
chaque auteur visait bien souvent à faire passer quelques messages, propre à son époque, à travers sa
version de l’Iliade.
C’est dans cette veine que s’inscrivent les textes médiévaux inspirés par la légende homérique et, plus
proche de nous, les œuvres romanesques tels que La Guerre n’aura pas lieu de Giraudoux
ou Le Monstre de Kadharé et, dernièrement, les nombreuses bandes dessinées apparues dans le sillage du film hollywoodien.
Dans ses entorses, aux textes d’Homère on peut même estimer que celui-ci n’a fait finalement que poursuivre la tradition
antique de réécriture de l’Iliade pour les besoins de son époque.
Et si on ferme les yeux sur certains détails irréel, comme
le « débarquement » abracadabrant des achéens, on s’apercevra, à la lecture du livre de G. Fry, que le traitement des
personnages d’Achille et Briséis offre un admirable message, quelque peu inattendu, qui a su se greffer sur la légende pour en être plus fort.
Second ouvrage que doivent absolument posséder tous ceux qui sont passionnés par l’Iliade.
Son auteur, Jacqueline de Romilly, y analyse sous maintes facettes le personnage d'Hector qui s'avère être d'une
modernité étonnante. Comme si, à travers Homère, les Grecs de l'antiquité avaient déjà cerné tous
ce qui fait la qualité d'un homme. Et pourtant Hector n'est qu'un simple mortel, il lutte contre ses démons et a ses faiblsses, il n'en est
que plus humain, plus moderne, plus admirable. Et il triomphe ainsi d'Achille. A lire aussi absolument pour le
remarquable texte de son auteur, très facile d'accès. Jacqueline de Romilly nous rappelle qu'il suffit parfois de
relire les classiques pour y trouver plus d'authenticité que chez certains auteurs modernes qui ne font que
réinventer la poudre... voire excellent dans l'art de la poudre aux yeux..
Le livre de Bernard Sergent Les trois fonctions indo-européennes en Grèce ancienne I
(ed. Economica) permet de redécouvrir les héros de l’Iliade sous un autre jour. Celui de
l’interprétation à la lumière de la théorie des trois fonctions de Georges Dumézil.
Nous ne sommes plus dans l’épopée : les héros y défilent devant nous dans leurs fonctions
respectives. Bien que reposant sur l’analyse linguistique et culturelle l’ouvrage se lit
aisément et toujours avec plaisir. Et il y ramènera sûrement à l’épopée car il ne peut que
donner envie de découvrir l’œuvre de G. Dumézil et notamment son oeuvre majeure
Mythe et Épopée où il présente et interprète le Mahabarata, sorte d’Iliade indienne.
Le Monstre de Kadaré est une réécriture de la légende du Cheval de Troie. En ce sens il trouve place sur ce site.
Mais le Cheval et la Ville qui se dresse devant lui nous raconte une autre histoire, plus sombre.
Les personnages dissimulé dans le Cheval vivent tantôt avant, tantôt après la chute de la Cité.
Le récit suit aussi deux lignes : dans l’une, on retrouve les héros de Homère tandis que Troie se
transforme sous leurs yeux jusqu'à revêtir l'aspect d'une cité moderne ; dans la seconde, c'est
la ville qui est figée tandis que les héros évoluent jusqu'à devenir des hommes de notre époque et que
le Cheval se mue en un fourgon abandonné.
Bien que sans lien avec l'Iliade je recommande aussi la lecture de l’Aigle pour son ambiance de rêve étrange
La prise d'Ilion. Voici un autre ouvrage qui traite d'un épisode de la guerre de Troie. Les quelques extraits lus sont très poignants.
Il est déja commandé. Je reviendrai donc sur cet ouvrage après sa lecture.
Ilion/Ilium suivi de Olympos de Dan Simmons. J’ai hésité avant de retenir ces deux ouvrages. Ouvrage oui,
car y a beaucoup beaucoup de travail. L’auteur y étale, à longueur de pages,
toute ses lectures et connaissances, depuis les Dinosaures jusqu’à la madeleine de Proust, en passant
par Caliban de Shakespeare, tous ça dans un mix du type futur très lointain. Il y en a donc pour tout
le monde. La profusion d’histoires parallèles est édifiante et parfois déroutante. Oui mais voila,
Dan a aussi lu Homère, et, du coup, on y retrouve l’Iliade et ses héros. Oh, ce n’est pas que les
affrontements entre Troyens et Achéens soient plus épiques que ceux d'Homère, mais
la guerre de Troie y trouve une nouvelle issue inattendue, d'ailleurs à nouveau longue à se dessiner.
Alors, si vous êtes curieux, vous pouvez vous précipiter chez votre libraire (comme moi), où à la
bibliothèque municipale.